Architecture et Patrimoine
Stages d’été
Architecte urbaniste de l’état, diplômé de l’Ecole des beaux arts et de l’Ecole des monuments historiques (dite de Chaillot) notre interlocuteur, parmi de nombreuses activités, intervient à l’Ecole nationale d’architecture de Toulouse (ENSAT).
Il a une haute idée de ce que devrait être un architecte et entend bien transmettre à ses étudiants, dans le domaine du patrimoine dont il s’occupe, les connaissances et les outils pour parvenir à l’excellence.
Cet été, bronzez intelligent !
Conscient des lacunes de l’enseignement dispensé et fort de ses convictions, il met sur pied, sans aucune subvention, un stage d’été ouvert à une quinzaine d’étudiants fortement motivés.
A partir d’un cas concret, il propose d’approfondir ou de découvrir les notions de dessin à vue, l’acquisition d’une méthode de travail pour l’analyse du bâti ancien, la recherche de l’identité du lieu et l’aide à la programmation architecturale du maître d’ouvrage.
Le lieu du stage est essentiel. Il doit présenter un intérêt patrimonial et avoir un propriétaire porteur d’un projet. Etudiants et intervenants doivent y trouver le gîte et le couvert dans des conditions acceptables. De la Provence à l’Ariège, du centre d’accueil en passant par l’usine désaffectée et le château restauré qui cherche son futur, ces lieux existent. Notre homme les a trouvés.
Les missions du CERS
- Donner aux étudiants des outils pour cerner ce qui constitue l’identité du lieu,
- Leur donner les moyens de « revisiter » le projet du propriétaire,
- Vérifier l’adéquation entre l’identité du lieu et le projet.
A la recherche de l’identité du lieu :
2 démarches différentes et complémentaires
Les étudiants travaillent en groupe
Après quelques jours passés sur le site à explorer les domaines techniques de l’analyse architecturale, urbaine et paysagère le nez au vent et crayon en main, nous demandons aux étudiants, divisés en 2 groupes, de répondre à la question suivante : « Pour vous le site de XYZ, c’est quoi ? ».
Individuellement d’abord, chacun liste ses impressions. 30, 40 phrases courtes sont notées sur un tableau de papier.
Ensemble, ils vont faire un travail minutieux appelé « sélection et regroupement ». En prenant de la distance par rapport aux 30 ou 40 items, ils voient peu à peu se dessiner 4 ou 5 grandes familles d’idées. Chaque famille portera un nom. Ce sera la phrase la plus représentative de l’idée qu’elle exprime. Elle regroupera tous les items exprimant la même idée.
Le piège à éviter c’est l’abstraction, l’intellectualisation. Il réduit à néant la « chair » du travail.
Les 2 groupes ont travaillé séparément mais de la même façon. Ils mettent en commun leurs résultats.
D’un inventaire à la Prévert, parfaitement inutilisable, ils se sont accordés sur 4 ou 5 idées clé sur lesquelles ils peuvent désormais s’appuyer pour la suite…
Et les propriétaires, et les gens d’ici ?
Il serait quand même léger de prétendre cerner l’identité d’un lieu sans tenir compte du regard des gens qui y vivent, y travaillent, y passent…
Comment aller à leur rencontre et leur permettre de s’exprimer ?
Le CERS utilise de longue date la technique dite de « l’entretien non-directif ». Aller à la rencontre de personnes, prises au hasard ou pas, leur poser une seule question et noter tout ce qu’elles vont dire à ce sujet : « pour vous, le site de XXX c’est quoi ? »
Juste écouter et noter, voilà un vrai challenge !
Une fois la moisson faite, il faut l’analyser en restant au plus près de ce qui a été dit. Ce travail précis, chacun analysant « son » entretien, va mettre en évidence de nombreux thèmes. Les thèmes de tous les entretiens, mis en commun, donnent au lieu une autre dimension.
« Revisiter » la programmation du maître d’ouvrage.
Centre d’accueil, usine désaffectée, château familial ou associatif … chaque propriétaire(s) a un ou des projets.
Comment s’assurer que le projet annoncé par le propriétaire répond bien à ses attentes profondes ?
Là encore l’entretien non directif s’avérer être un bon outil. A la question : « Comment voyez-vous l’avenir de XYZ ? » cette/ces personnes vont partir du projet existant. En laissant aller leur parole, ils vont approfondir leur réflexion. Il se peut qu’ils atteignent leurs vraies motivations.
L’analyse de ce qui a été dit va permettre à l’étudiant de vérifier si le projet répond aux vraies attentes du propriétaire ou si…
Et les gens d’ici ?
Dans la mesure où le site fait partie du patrimoine local et où le projet futur va influer sur la vie des gens du lieu, il parait légitime de les interroger aussi.
On leur posera la même question : « Comment voyez-vous l’avenir de XYZ ? »
L’analyse de leurs entretiens ouvrira d’autres voies, différentes ou complémentaires de celle du projet du propriétaire.
On rassemble tout le monde
C’est un grand moment que celui où les étudiants présentent les résultats de leurs travaux. Ils se les présentent à eux-mêmes, aux différents intervenants mais aussi aux propriétaires et à la population locale, celle qui a participé aux entretiens et celle qui, intriguée par ces jeunes gens déambulant avec leur carnet de croquis dans leur village, veulent en savoir plus.
Le regard des étudiants et des autochtones sur le lieu, les visions d’avenir du propriétaire et des gens du coin sont croisés. Leurs convergences et leurs divergences sont là sous nos yeux.
Identité du lieu et projet
La question qui se pose maintenant à l’étudiant-architecte est « Comment inscrire le projet final du propriétaire dans ce lieu en conservant ce qui le rend unique, ce qui contribue à l’identifier comme un lieu unique et précieux ? »
Il trouvera dans le travail fait un solide appui et pourra mieux approcher les limites de son intervention.
Cette démarche est à replacer dans l’intervention globale de l’architecte. Il doit s’imprégner :
- du lieu où il va agir,
- des hommes pour lesquels il va agir.
Pour cela, le CERS leur a donné quelques outils efficaces, économes en temps. Au-delà des techniques, cette démarche est porteuse de relations nouvelles et durables.